Avant de se lancer dans le calcul des différents ratios d’analyse financière, une prise de connaissance du secteur d’activité de la société étudiée s’avérera utile pour bien interpréter le niveau et la dynamique des différents ratios par la suite.
Chaque secteur d’activité est différent…
Le compte de résultat d’un magasin de vêtements low-cost sera nécessairement très éloigné de celui d’une société d’usinage de pièces automobiles, le bilan d’un hôtel et d’une agence de communication auront également quelques différences… Et aucune des précédentes activités citées ne trouvera une parfaite similitude avec un producteur de comté. Pourquoi ?
Une activité de négoce low-cost dégagera une rentabilité plus faible qu’une activité industrielle sur laquelle un processus transformation viendra créer une plus forte valeur ajoutée.
Un hôtel aura un actif très important par rapport à une agence de communication : son bâtiment.
Un producteur de comté disposera d’un stock significatif compte tenu du vieillissement nécessaire de sa production (la période d’affinage pouvant aller au-delà d’un an).
Ces spécificités peuvent conduire à des différences d’appréciation. Notamment :
- Sur le niveau d’endettement : une activité industrielle est généralement plus endettée qu’une activité de prestation de service. En effet, celle-ci a besoin d’actifs plus lourds, dans lesquels il faut investir régulièrement pour garantir le bon fonctionnement de l’outil de production. Si une société industrielle souhaite croître et conquérir de nouveaux marchés, cela se traduira par des investissements corporels pour augmenter sa capacité de production. Alors que dans le cas, par exemple, d’une société de conseil, l’augmentation de la force de frappe passera plutôt par une vague de recrutement de consultants.
- Sur les besoins d’exploitation : reprenons l’exemple du producteur de comté. La durée de vieillissement du fromage a pour conséquence un niveau de stock important, qui peut conduire à un recours significatif aux financements bancaires à court terme. Même si elles disposent également de stock significatifs, les enseignes de grande distribution bénéficient de délais fournisseurs, mais pas de délais client, ce qui leur permet de dégager des excédents de trésorerie. Il n’y a pas de « bon » ou de « mauvais » niveau de BFR en soi : tout dépend du secteur et de ce qu’il implique au niveau du cycle d’exploitation de ses intervenants.
Cette liste n’est pas exhaustive, mais souligne que les spécificités du secteur d’activité de l’entreprise doivent être pris en compte lors de l’analyse financière pour pouvoir interpréter les différents ratios avec pertinence.
Chaque entreprise est différente…
Au delà du secteur d’activité qui détermine certains fondamentaux, chaque entreprise est différente. Selon leur taille, la manière dont elles se positionnent sur leur marché, la nature de leur clientèle, leur exposition à l’international, etc., leur performance et leur structure financière sera impactée différemment.
En effet, si l’on s’adresse plutôt à une clientèle de particuliers (B2C), les délais de règlement seront plus courts qu’une clientèle d’entreprises (B2B). Une entreprise qui a atteint une certaine taille critique et qui achète des volumes importants auprès de ses fournisseurs aura plus de poids dans la négociation avec ces derniers, et cela se ressentira dans ses marges.
… alors, comment faire la part des choses ?
Replacer l’entreprise dans son contexte propre ne signifie pas qu’il faille s’interdire de faire des comparaisons. Le point de départ consiste à se poser la question suivante : quelles sont les spécificités du secteur d’activité, du positionnement et du cycle d’exploitation de la société ?
À partir de là, en vous basant sur des études sectorielles et votre propre connaissance du secteur d’activité, il conviendra d’apprécier le niveau de performance de l’entreprise étudiée au regard de ses spécificités, et de réaliser des comparaisons avec des entreprises qui présentent des similitudes (même secteur d’activité, niveau de chiffres d’affaires équivalent).
Bon à savoir : concret, riche et en accès libre, vous pouvez vous baser sur les ratios sectoriels publiés par la banque de France. A partir d’un code NAF, vous aurez accès à différents ratios constatés sur les deux dernières années.
Florent Goossens
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