Endettement d’une entreprise : ce que le bilan ne dit pas

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Le bilan met en évidence certaines dettes contractées auprès des établissements de crédit à court, moyen et long terme. Mais certaines ne sont pas intégrées au bilan et sont identifiables dans les annexes. S’agissant tout de même d’endettement, celles-ci sont à réintégrer pour disposer d’une vision plus précise de sa situation d’endettement.

L’endettement moyen et long terme : le crédit-bail

Lorsqu’une entreprise prend la décision d’investir, différentes modalités de financement sont à sa disposition en fonction de sa situation et de l’ampleur du projet concerné (autofinancement, endettement bancaire, ouverture du capital, émission obligataire, etc.). Dans la grande majorité des cas, cette dernière va faire appel à un tiers externe pour se financer (totalement ou partiellement), et va soit contracter des prêts auprès d’établissements bancaires, soit avoir recours à des contrats de crédit-bail.

Ces deux modes de financement sont assez proches, mais possèdent chacun leurs subtilités :

  • Dans le cas d’un emprunt dit « classique », l’actif financé est enregistré dans les immobilisations au bilan. Les flux financiers correspondant au remboursement de la dette ne sont pas présents dans le compte de résultat. Toutefois on trouve leur miroir dans l’augmentation des dotations aux amortissements consécutives à l’acquisition de l’actif.
  • Dans le cas du crédit-bail, l’actif n’est pas immobilisé dans la mesure où il reste la propriété du crédit-bailleur, pendant toute la durée du contrat. Moyennant le paiement d’une valeur résiduelle en fin de contrat, l’entreprise pourra en devenir propriétaire. Ici, la dette n’est pas présente au bilan, et les loyers payés sont comptabilisés dans les autres charges externes que l’on retrouve dans le compte de résultat.

Malgré ces différences, le crédit-bail, qu’il soit mobilier (financement d’une machine, d’un véhicule, etc.) ou immobilier (financement d’un bâtiment), n’en demeure pas moins une dette, bien souvent contractée directement auprès d’un établissement bancaire. Leur réintégration aux dettes déjà présentes au bilan, ainsi qu’à l’actif immobilisé, permet de disposer d’une vision plus exhaustive de l’endettement de l’entreprise.

C’est dans l’annexe 11 que l’on peut prendre connaissance du montant emprunté en crédit-bail :

Pour évaluer également quelle a été la charge de crédit-bail pour l’entreprise sur l’année venant de s’écouler, on peut retrouver cette information dans les renvois à la fin du compte de résultat :

L’endettement à court-terme : l’escompte et l’affacturage

Le fonds de roulement de l’entreprise va lui permettre de contribuer au financement de son cycle d’exploitation. Toutefois, les décalages de trésorerie nécessitent parfois de recourir à des solutions de financement bancaires en complément. Le plus connu est le découvert, lorsque la banque autorise la société à faire fonctionner son compte en dessous de 0 (que l’on retrouve au passif du bilan lorsque le compte bancaire de la société était débiteur au moment de la clôture du bilan). Ce n’est pas le seul outil à la disposition des entreprises pour financer leurs besoins d’exploitation : on peut également citer le recours à l’escompte, et l’affacturage.

Les annexes des liasses fiscales vont permettre d’identifier, à la date de clôture des comptes, quel était le montant des traites escomptées (et non échues) par un établissement bancaire ainsi que l’encours des factures cédées à un factor. Tout comme le crédit-bail, leur réintégration aux dettes (celles à moins d’un an) permettront de donner une image plus fidèle de l’endettement lié au cycle d’exploitation. Toutefois, contrairement au crédit-bail, les retraitements ne s’arrêtent pas là. Car lorsque l’entreprise cède une facture à un factor ou escompte une traite, elle est financée par anticipation de son règlement, ce qui diminue son poste client. En plus de réintégrer le montant concerné aux dettes, il faudra donc également le réintégrer au poste client.

C’est dans l’annexe 11 que l’on peut prendre connaissance des effets escomptés et non échus :

Le niveau d’endettement : à appréhender au regard du secteur d’activité et de l’actualité de l’entreprise

Comme tout ratio d’analyse financière, le niveau d’endettement doit être replacé dans son contexte. Certains secteurs d’activité vont être plus consommateurs que d’autres, et l’entreprise elle-même peut se trouver dans une phase de « transition », où un grand programme d’investissement vient alourdir son endettement sans qu’elle ait encore perçu les bénéfices de ce programme.

Florent Goossens

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